Tahar Ben Chaabane : “Nous irons chercher Haneen à Erbil ou à Bagdad s’il le faut”
vendredi, 29 décembre 2017
Il y a un an, Magcentre avait publié le récit d’une jeune fille irakienne,de confession chrétienne, originaire de Mossoul qui avait dû fuir sa maison dans la nuit du 10 juin 2014 quand les forces de l’état islamique s’étaient emparées de la ville. Haneen Safaa Hanna s’était réfugiée avec ses parents à Erbil capitale du Kurdistan irakien dont les combattants, les « peshmergas » étaient les seuls à avoir opposé une résistance efficace aux djihadistes de Daesh.
Ce monopole a permis au Kurdistan d’étendre son périmètre en prenant le contrôle d’autres territoires, notamment la riche région pétrolifère de la province de Kirkuk qui lui permettait d’envisager d’assurer son autonomie économique. La maman d’Haneen, le Docteur Suhair Qudsi, médecin gynécologue, avait repris une activité au bénéfice des multitudes de réfugiés parvenus au Kurdistan et Haneen avait poursuivi ses études à Kirkuk, lieu de transfert de l’université de Mossoul. La ville avait connu quelques incursions djihadistes, ce qui la rendait encore très exposée. Haneen avait alors manifesté son souhait de demander l’asile en France parce que, même avant l’arrivée de Daesh à Mossoul, sa famille avait fait l’objet de menaces de la part des islamistes, et qu’elle était convaincue que si la ville tombait aux mains de l’armée irakienne et des milices chiites qui l’assiégeaient, elle demeurerait à jamais inhospitalière et dangereuse pour une jeune fille chrétienne ne portant pas le voile islamique.
Un référendum d’indépendance jugé illégal par Bagdad
Les djihadistes ont été vaincus à Mossoul et l’université qui s’était déplacée à Kirkuk a été réouverte dans la ville en ruines. Mais le 25 septembre 2017, le gouvernement de la région autonome du Kurdistan a organisé un référendum d’indépendance jugé illégal par Bagdad. Il s’en est suivi un affrontement entre l’armée irakienne et les peshmergas qui ont dû abandonner les territoires situés au-delà des limites régionales dont ils avaient pris le contrôle, et notamment la province de Kirkuk. L’armée irakienne a organisé un blocus et fermé l’aéroport d’Erbil aux vols internationaux.
Chaque matin, Haneen pour se rendre à l’université de Mossoul depuis Erbil doit donc franchir un barrage militaire tenus par l’armée irakienne ou des miliciens chiites connus pour leur brutalité et les exactions qu’ils ont pu commettre vis-à-vis des populations civiles dans la période récente.
La maman d’Haneen, le docteur Suhair Qudsi, a repris une activité à l’hôpital de Qaraqosh, principale ville chrétienne de la plaine de Ninive, remis en état avec le soutien de l’association « Fraternité Irak », elle a mis au monde le premier bébé né depuis la réouverture de la maternité et elle est le seul médecin de sa spécialité en exercice dans l’établissement. Elle a fait le choix de rester sur place pour accomplir une mission indispensable auprès des populations réfugiées mais se sentira plus sereine si elle sait sa fille en sécurité.
Haneen a donc déposé à l’automne une demande de visa humanitaire pour la France où elle espère rejoindre ses grands parents qui ont obtenu le statut de réfugiés et qui vivent à Tours et sa tante, ancienne avocate, qui a acquis la nationalité française. Elle a été reçue au consulat de France d’Erbil le 21 décembre 2017 pour un très long interrogatoire sur sa situation personnelle, celle de sa famille et les menaces et dangers dont elle était l’objet. Son dossier a été transmis au Ministre de l’intérieur qui doit statuer dans un délai de deux mois, l’absence de réponse équivalent à un refus implicite.
Tahar Ben Chaabane touché par l’histoire d’Haneen
L’Orléanais Tahar Ben Chaabane, qui fut candidat aux dernières élections municipales et qui exerce des fonctions de conseiller principal d’éducation au Lycée de Saint Jean de Braye, a été touché par l’histoire d’Haneen et de sa famille. Originaire de Tunisie, il a toujours été très sensible à la situation des coptes d’Egypte et de manière plus générale aux persécutions dont sont victimes les chrétiens d’Orient dont les deux tiers ont disparu d’Irak, soit parce qu’ils ont été massacrés, soit parce qu’ils sont en exil. Ces chrétiens étaient présents dans la région depuis l’origine même du christianisme et certains d’entre eux prient encore en araméen qui était la langue du Christ. Prendre en charge la destinée d’Haneen ne changera pas grand-chose au sort du monde ni à ces persécutions mais ce sera quand même changer sa vie, lui éviter d’être assassinée par un fanatique dans une rue de Mossoul ou de sauter sur une mine oubliée. Alors Tahar Ben Chaabane a décidé d’user de tous ses contacts, interpeller parlementaires, ministres, responsables religieux pour qu’un visa humanitaire soit accordé à Haneen et qu’elle puisse rejoindre ses grands parents et poursuivre ses études à l’Université de Tours.
Avec Tahar Ben Chaabane, nous sommes prêts à aller chercher Haneen à Erbil ou à Badgad s’il le faut pour fêter Pâques avec elle, ici en France. InchAllah…
Patrick Communal.